Bonne année 2010 ! Bonnes lectures !

Publié le par Le maître des Bouviers

A vous tous, à qui je fais l'honneur de mes sublimes cogitations, je souhaite, pour l'année à venir, un tas de bonnes choses, d'amour, de félicité, d'argent.

Une année qui commence, m'étonne et me déprime toujours un petit peu.

Elle m'étonne parce que le genre humain existe encore, malgré nos évidentes bêtises, nos haineuses et violentes réponses à la haine et à la violence, nos désirs de puissance et de richesses et notre mépris pour tout ce qui n'est pas nous-mêmes.

Elle me déprime parce qu'il faut recommencer exactement les mêmes choses que l'année dernière, comme par exemple se lever la nuit pour faire pipi parce que notre prostate accuse son âge, comme payer ses impôts (pas assez), comme se brosser les dents tous les jours (rien de plus ennuyeux), comme supporter le verbiage de certains membres de sa famille ou, même, de ses amis.

Mais tout cela n'est rien comparé à l'inutile, stupide, inepte, imbécile, prise de bonnes résolutions du 1er janvier.
Que je vous dise tout de go, mes petits amis, je n'en ai pas pris.
Tout d'abord parce que je sais que ma nature versatile me poussera à ne les tenir point.
Ensuite parce que les bonnes résolutions supposent toujours un effort supplémentaire par rapport à l'année précédente.
On ne se dit jamais : «Cette année, juré, craché, j'en fais moins. Fini le sport ! Je recommence de fumer ! Je reprends l'apéro en rentrant du boulot !».
Et pourquoi d'abord ?
Hein ?!
C'est vrai quoi à la fin !

Heureusement, il y a des motifs de se réjouir pour cette nouvelle année qui commence : des centaines de livres à lire ou à relire !

Imaginez-vous la somme de plaisir qui vous attend, toute frémissante, dans ces pages qui, pour certaines, ne sont pas encore imprimées ni peut-être même écrites.
Et que les jean-foutre, les pisse-froid, les coincés du bulbe et autres malappris ne viennent jamais me dire qu'ils n'ont pas le temps de lire.
Et surtout, surtout, qu'ils n'invoquent pas les excuses fallacieuses comme le travail (35 heures sur 168 par semaine, ce n'est pas la mer à boire), comme les enfants (les placards ne sont pas faits pour les chiens), comme la cuisine à faire (William Saurin et Picard travaillent pour vous) ou encore le conjoint à satisfaire (des sites Internet existent qui répondront à tous ses désirs).
Je serais impitoyable avec ceux-là, ils iront croupir, métaphoriquement parlant, dans l'enfer personnel que je leur réserve, ils y seront contraints de lire, pour l'éternité, la production infâme de Dan Brown.

En plus des bons livres à lire, grâce à mes conseils ou pas, je vous souhaite d'obtenir tout ce que vous voulez pour faire votre vie plus belle.

Donc, pour la bien commencer, voici quelques bouquins pour vous distraire :

« Chronique d'un château hanté »
Pierre Magnan
Éditions folio
7 € environ

Pierre Magnan a été, voilà quelques années, un de mes auteurs favoris dans la catégorie roman policier.
Je relis toujours avec plaisir les aventures, les enquêtes, de son héros le commissaire Laviolette.
Les intrigues de ses livres, pas seulement les polars, se déroulent toujours en Provence, région qui l'a vu naître et qu'il décrit avec beaucoup de poésie, de finesse et (pourquoi ne pas le dire) d'amour.
Je le soupçonne néanmoins d'avoir écrit ces romans policiers pour des raisons alimentaires et de s'être réellement fait un plaisir d'écriture avec les autres.
Celui-ci en fait partie.
L'histoire commence par l'évocation de la peste noire qui frappa la Provence au XIVe siècle et qui permit au peintre officiel du duc de Mantoue de trouver l'inspiration, et les détails anatomiques, parmi les cadavres de femmes, d'enfants, d'hommes que la grande peste emportait.
Suit alors six siècle d'histoires qui seront moins des histoires humaines que la biographie de ce château.
Pierre Magnan a ce talent de rendre vivant ses personnages, de nous faire sentir leurs émotions.
Je connaissais ce pouvoir évocateur depuis que j'ai lu de lui le très célèbre roman "La maison assassinée », qui fut d'ailleurs porté à l'écran et dont le rôle principal était tenu par Patrick Bruel, oeuvre cinématographique, si l'on peut dire, puisque, comme souvent, le film n'était pas à la hauteur du livre.
C'était même très mauvais, mais je suis sans doute plus sévère pour le cinéma que pour la littérature, on ne se refait pas.
Pierre Magnan me plaît d'autant plus qu'outre son très grand talent d'écrivain, il se dit asocial, atrabilaire, agnostique et apolitique, qu'il s'est retiré, maintenant que ses droits d'auteur lui permettent de vivre sans peine, à Forcalquier (où l'on fait un délicieux Pastis, demandez à votre caviste) en compagnie de ses animaux (des chiens, j'espère) et de ses bouteilles de grands bordeaux.
Si un jour quelque éditeur, reconnaissant mon talent, m'offre la possibilité de vivre la vie de Pierre Magnan, je ne dirai pas non.
En attendant, je nourris cet espoir et je demeure un fidèle et admiratif lecteur de Pierre Magnan.

« Sauvez l'or de la Banque de France ! »
Tristan Gaston-Breton
Éditeur le cherche midi
17 €

J'aime bien M. Gaston-Breton, j'ai lu de lui, il y a longtemps maintenant, un ouvrage qui s'intitulait, je crois, « Les animaux héros de guerre » ou quelque chose comme ça et où il décrivait, avec talent, l'ignoble façon dont les hommes de guerre ont utilisé les animaux comme auxiliaires des armées mais qui apportaient aux soldats, dans les tranchées de Verdun par exemple, l'humanité dont les crétins galonnés étaient dépourvus.

Peut-on dire que Tristan, je vais l'appeler Tristan, c'est plus sympathique, est un historien ?
Oui !

Un historien comme on en rencontre peu, pas de ces vieilles barbes confites dans la poussière des instituts et des académies qui ne font rien qu'à nous parler des grandes figures de l'histoire et du pourquoi, du comment, du qu'est-ce, de ce qu'ils ont fait, dit, pensé, et si Hitler ou Staline ont été des ignobles c'est parce que leurs mamans les grondaient parce qu'ils faisaient pipi au lit.
Pfff !
Il faut bien l'avouer, on s'en fiche un peu !
Heureusement ce cher Tristan aborde l'histoire par le petit bout de la lorgnette.
Les petites dans la grande en somme.
C'est très réjouissant, on ne s'ennuie pas et il a l'intelligence de ne pas nous prendre pour des nouilles.
Je veux dire par là qu'il suppose, alors qu'il nous raconte ses histoires, que nous connaissons le contexte historique et qu'il n'a pas besoin, dans ce cas, de nous expliquer les tenants et aboutissants de la situation dans laquelle évoluent ces héros méconnus.
Car il s'agit bien de cela : des acteurs de l'histoire, qu'ils l'aient subie ou créée, modestes et inconnus.
Ce bouquin, sous-titré « l'incroyable périple », nous raconte comment de modestes fonctionnaires ont, en 1940, réussi à vider les coffres, à transporter par route et par mer les 2800 t d'or de la banque de France, pour les mettre à l'abri de la rapacité des dirigeants du troisième Reich.
Exploit d'autant plus remarquable, dans une France désorganisée et presque déjà vaincue, qu'il ne manqua au retour de ce stock d'or (le plus important du monde), après la victoire des Alliés, qu'une caisse de lingots et quelques poignées de pièces.
On suit les aventures, parfois rocambolesques, de ces employés de la banque de France sur les routes, dans des convois improvisés, sur mer jusqu'aux Antilles ou à New York et jusqu'au beau milieu du Sahara.
On se plaît à imaginer la tête des Allemands quand ils entrèrent dans les caves de la Banque de France et qu'il constatèrent qu'il n'y avait plus un fifrelin en stock.
Tristan Gaston-Breton fait revivre, avec truculence, ces aventures grâce à une écriture fluide, aisée et vive.
On constate aussi grâce à lui que durant cette période trouble, les ennemis d'hier et les alliés de demain, ou le contraire, n'ont pas réussi à mettre la main sur cette gigantesque fortune, notamment les Anglais qui lorgnaient, avec convoitise, sur les 97 milliards de la France (je ne sais pas combien ça fait aujourd'hui mais sans doute plusieurs centaines de milliards d'euros).
Ça se lit comme un roman d'aventures, c'est drôle, et ça permet de briller, dans les dîners en ville, en racontant de succulentes anecdotes au Nonce et à sa Noncette qui n'arrêtent pas de nous rabattre les oreilles avec l'attentat contre le pape.
Dont on se fout, d'ailleurs !

Trilogie
« Les démons du Roi-Soleil »
« L'empire de la déraison »
« L'algèbre des anges »
J. Grégory Keyes
Éditions Flammarion, collection imagine
19 € ; 22 € ; 21 €

Je ne sais pas dans quelle catégorie il faut placer cette trilogie.
C'est de la science-fiction puisque ça parle de technologie futuriste, c'est du space opéra puisqu'il y a des extraterrestres dedans, c'est de la fantasy puisque la matière a d'étranges pouvoirs.
C'est surtout une remarquable uchronie qui commence en 1681, on y rencontre Louis XIV, le roi d'Angleterre George Ier, Isaac Newton, Benjamin Franklin, Mme de Maintenon, et tous ces personnages qui nous étaient familiers alors que nous étions écoliers.
Je dois le dire, dans les uchronies je préfère le style steam-punk qui fait dévier l'histoire un peu après l'invention de la machine à vapeur.
Avec un réel talent, une belle maîtrise, Grégory Keyes fait déraper l'histoire sous Henri IV, ou peut-être sous Louis XIII, et nous raconte comment cela aurait pu se passer.
Sa trilogie est une illustration de ce que ce style de littérature fantastique peut donner de mieux.
Je me rends compte qu'il faut que je vous donne quelques explications concernant les uchronies, après tout je ne m'adresse peut-être pas à des habitués du genre.
Une uchronie littéraire c'est... Heu... Je vais vous donner un exemple, ce sera beaucoup plus simple.
Imaginez que Napoléon Ier gagne à Waterloo, quel aurait été l'histoire après cette victoire pour la France, pour l'Europe, pour le monde ?
Vous voyez un peu le principe ?

Le genre est récent (encore qu'il me semble avoir lu un article, dans la revue Bifrost, qui recensait les apparitions de ce genre depuis le XIXe siècle), il y a quelques maîtres et je crois que Grégory Keyes en fait partie.
L'intérêt de ce genre littéraire c'est que le lecteur évolue dans un univers complètement futuriste, comme dans la science-fiction, mais dans un passé qui garde les apparences de la réalité historique connue.
Les auteurs d'uchronies réalisent ce fantasme de pensée magique que nous avons tous fait, quand nous étions enfants, quand nous regrettions d'avoir fait, ou de ne pas avoir fait, quelque chose et que nous imaginions la situation idéale qui serait advenue sans notre bêtise.
Si, en plus de pouvoir revenir en arrière, vous vous êtes imaginés disposer de pouvoirs de super héros ou d'une technologie inconnue, alors vous comprendrez ce que je veux dire.
C'est très réjouissant, comme si Alexandre Dumas nous racontait les aventures des mousquetaires allant récupérer les ferrets de la reine auprès du duc de Buckingham, non pas à cheval mais en TGV.
En plus de cela, ça donne envie de relire les livres d'histoire.
Ce qui n'est pas forcément une mauvaise idée.

Je reviens d'un mot sur ceux qui, avec une gigantesque mauvaise foi, me disent qu'ils n'ont pas le temps de lire ; je leur suggère d'arrêter de regarder la télévision, ils gagneront ainsi de quatre à cinq heures par jour qu'ils pourront mettre à profit.
Pour lire... ou pour faire autre chose, si vous n'êtes pas célibataires demandez donc à la personne qui partage votre vie, elle aura peut-être une idée.

"Pas de télé !
Mon Dieu ! Mon Dieu ! Comment allons-nous vivre ?"
Rassurez-vous, on y arrive très facilement.
Avez-vous remarqué que ceux qui ne peuvent se passer des programmes de TF1, ou de M6, sont également ceux qui râlent et pestent contre l'indigence et la nullité des programmes proposés ?

Allez donc comprendre.

Le maître des Bouviers

ouais ca va dessin
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